Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
20 juillet 2008 7 20 /07 /juillet /2008 19:00

«  ... Dans la théorie darwinienne, la lutte pour l'existence et l'élimination des faibles n'étaient pas dépensées en vain. Loin d'être inutiles, ces maux étaient le gage d'une sélection et d'une évolution des espèces vers une plus grande complexité et une plus grande perfection.

...

D'une façon analogue, Marx considérait la lutte des classes et la violence comme le moteur de l'Histoire. Par leur moyen, assurait-il, on s'achemine vers la société sans classes

...

Cette même dialectique du mal et du bien se retrouve dans la théorie économique libérale, qui postule que l'arithmétique des égoïsmes conduit automatiquement à l'allocation optimale des ressources et à la prospérité générale. Malgré leurs divergences, notons-le au passage, les marxistes et les libéraux partageaient donc la conviction que l'aspect négatif des affaires humaines détient la clé du progrès.

...

Le marxisme et le libéralisme formaient deux branches issues d'une même souche providentialiste ... »

 

Peut-on encore croire au progrès - Dominique Bourg, Jean-Michel Besnier - contribution de Michel Lacroix - Puf, 2000, page 57.

 

Mécréant intégriste mais pas vraiment prosélyte, je n'aurais pas osé publier pareille opinion si je n'avais pas eu la caution de plusieurs scientifiques ... pourtant, j'ai toujours pensé que les idéologies marxiste, socialiste et libérale étaient tout simplement des religions.

 

                                                                       BLACKSHEEP !

Partager cet article
Repost0
29 juin 2008 7 29 /06 /juin /2008 16:56

« ... oubliant les sirènes déflationnistes brandies contre l'Etat dilapidateur, il* prétendit en janvier 1939 corriger les "erreurs françaises sur l'expérience économique allemande", c'est-à-dire "la politique de Schacht**" fondée sur "une expansion délibérée du crédit [...] sinon orthodoxe, du moins parfaitement calculée". "Les points faibles du système allemand" occupaient une page sur huit ; le reste exaltait l'écrasement du salaire. "Des précautions à la fois les plus minutieuses et les plus énergiques ont été prises pour que cette politique, évidemment audacieuse, reste néanmoins pratique et efficace et surtout évite de conduire à une inflation monétaire incontrôlable", telles : "Une politique draconienne de stabilité des prix dont les pièces maîtresses sont non seulement un contrôle policier d'ailleurs rigoureux, mais la stabilité complète des salaires horaires et la compression systématique du 'pouvoir d'achat' des biens de consommation" ... ».

 

Annie Lacroix-Riz - Le choix de la défaite - Armand Colin, 2006, page 467.

 

* Roger Auboin, secrétaire général à l'économie sous le cabinet Chautemps (1937-1938),  directeur de la Banque des règlements internationaux de1938  à 1955.

 

** Hjalmar Schacht (1877-1970), financier de Hitler jusqu'en 1937, directeur de la Reichbank jusqu'en 1940, puis en désaccord et ensuite déporté.

 

Les livres les plus faciles à lire ne sont pas forcément les plus intéressants ; cette citation de Annie Lacroix-Riz n'est pas des plus aisées à déchiffrer, sauf si on se réfère à notre situation actuelle, corrigée du fait que Jean-Claude Trichet n'a pas encore fait appel à la police pour empêcher l'augmentation des salaires (les banquiers lui suffisent pour l'instant), et recommander le « travailler plus pour gagner plus », car vous aurez remarqué qu'il est question de salaires horaires.

 

Cette historienne est une stalinienne pure et dure, ce qui lui vaut d'être controversée, voire ostracisée par nos historiens, économistes et médiacrates fluidifiés par les ultra-libéraux, mais c'est aussi une experte des archives (déclassifiées en 2005, elle a bossé vite) et l'appareil critique de 100 pages qu'elle fournit dans son livre est sans appel.

 

                                                                      BLACKSHEEP !

Partager cet article
Repost0
23 juin 2008 1 23 /06 /juin /2008 17:42

«  ... Décidément nous vivons à plein dans l'ère du maquillage... se lamente El Pais à Madrid... partout l'on emploie des euphémismes, des images pour éviter de dire la réalité... et la réalité en espagnol, écrit El Pais... ça se dit... crise profonde... crise de légitimité.

D'où cette conclusion du New York Times :
Les Européens n'ont cessé de nous interroger sur la raison pour laquelle l'Amérique avait pu élire par deux fois un homme aussi idiot que Georges W Bush... il serait temps qu'ils tournent leurs question vers eux-mêmes... et qu'ils s'interrogent vraiment sur ce qui fait l'Europe et ce qu'ils veulent en faire au lieu de prétendre que c'est une entité politique ! ... ».

Cécile de Kervasdoué - Revue de presse internationale - France Culture, 20/06/08, 7H 35.

 

J'oubliais dans mes sources de Zeitgeist du DDR « compétences et information » cette chronique concise et intéressante qui présente l'avantage de pouvoir être écoutée, réécoutée et lue sur le site de France Culture et qui est même longuement conservée en archives, permettant ainsi de se reporter en arrière, ce qui peut être amusant.

 

Cécile de Kervasdoué fait parfois quelques fautes d'orthographe, ce qu'on lui pardonnera car elle doit se lever à trois heures du matin et prendre sa douche le bol de café à la main afin d'ingurgiter à temps tous ces journaux écrits dans des langues étranges et de taper vite fait son billet ... à part cette petite critique, ce qu'elle résume est toujours éclairant et permet à l'auditeur / lecteur de gagner du temps et de se reporter éventuellement aux sites des originaux cités.

 

                                                                 BLACKSHEEP !

Partager cet article
Repost0
19 juin 2008 4 19 /06 /juin /2008 16:15

« ... Tout ce que je sais sur la duperie, toute mon attention critique ne me sont, à un moment donné, d'aucun secours. A chaque instant, le mensonge imprimé peut me terrasser, s'il m'environne de toutes parts et si, dans mon entourage, de moins en moins de gens y résistent en lui opposant le doute.

 

Non, la malédiction du superlatif n'est pas une chose aussi simple que la logique se l'imagine. Bien sûr, les fanfaronnades et les contre-vérités se suivent et se ressemblent, elles sont reconnues comme telles et, pour plus d'un, la propagande de Goebbels est devenue une bêtise inefficace. Mais ce qui est tout aussi sûr, c'est que, même reconnue comme fanfaronnade et mensonge, la propagande n'en agit pas moins, pourvu qu'on ait le front de la propager sans état d'âme ... ».

 

Victor Klemperer - LTI, la langue du IIIème Reich - Pocket, 1996, page 289.

 

Cette citation s'accorde bien avec le DDR qui précède ... bien sûr, il n'y a plus de Goebbels, mais la presse écrite, en particulier l'organe officiel du régime, Le Figaro (mais aussi les journaux prétendus de gauche), fonctionne toujours par répétitions et superlatifs ... et encore, le recueil de bluettes de la Carlette n'est pas encore sorti ... vous allez voir les dithyrambes ... 

 

Je ne suis pas capable de parler de la télévision car je ne regarde que la télévision allemande depuis plusieurs années, mais vous devez bien avoir votre petite idée. A propos, je paie quand même la redevance : c'est un peu comme si le curé de mon quartier faisait payer au mécréant que je suis le denier du culte parce que je peux, lorsque le vent porte, entendre ses cloches.

 

                                                              BLACKSHEEP !

Partager cet article
Repost0
17 juin 2008 2 17 /06 /juin /2008 10:21

« ... Il aurait pu lutter encore, tenter sa chance : il n'y a pas de fatalité extérieure. Mais il y a une fatalité intérieure : vient une minute où l'on se découvre vulnérable ; alors les fautes vous attirent comme un vertige.

 

Et c'est à cette minute que luirent sur sa tête, dans une déchirure de la tempête, comme un appât mortel au fond d'une nasse, quelques étoiles.

 

Il jugea bien que c'était un piège : on voit trois étoiles dans un trou, on monte vers elles, ensuite on ne peut plus descendre, on reste là à mordre les étoiles ...

 

Mais sa faim de lumière était telle qu'il monta.

 

Antoine de Saint-Exupéry - Vol de nuit - Pléiade, 1953, page 124.

 

Puisque nous sommes dans l'aviation, voici une belle leçon d'action ; elle a guidé mon activité depuis mon adolescence ... ce qui ne m'a pas empêché de connaître quelques échecs retentissants ... peut-être par faim de lumière.

 

Le lyrisme de Saint-Exupéry fait oublier qu'il fut un pilote un peu ... tête en l'air. Lorsqu'il reprit du service en 1944, à l'âge canonique de quarante-quatre ans pour piloter un Lightning, ses compagnons d'arme racontent qu'il annonça un jour à la radio, en approche au-dessus de la Corse, « I'm landing north-south » : il ne comprit pas les hurlements du contrôleur américain et répéta ... la piste (devant laquelle il se présentait d'ailleurs correctement) était est-ouest ...

 

Il est un peu oublié, à mon avis, sans doute parce que ce qu'il a écrit était nourri par l'action ... il pourrait faire honte à nos élites et politiques qui ne nous fatiguent qu'avec des « paroles verbales » ne reposant que sur un galimatias d'idéologies fumeuses (de droite et de gauche, je ne suis  pas sectaire), et non sur une véritable expérience de la vie.

 

                                                              BLACKSHEEP !

Partager cet article
Repost0
14 juin 2008 6 14 /06 /juin /2008 18:16

« ... Bismarck part à la rencontre du roi. Il a raconté lui-même, dans ses mémoires, les détails pittoresques de ce voyage incognito : l'attente anxieuse "dans l'obscurité, sur une brouette renversée", sur le quai de la gare de Jüterbog, l'arrivée du train dans la nuit et l'entretien pathétique avec son maître dans un petit compartiment de première classe. Ses pressentiments ne l'avaient pas trompé. "Je vois très bien comment tout cela finira", lui dit Guillaume, "On vous tranchera la tête, place de l'Opéra, sous mes fenêtres, et puis, ce sera mon tour." La réponse de Bismarck va décider de son sort. Elle se résume en trois mots : "Et après, Sire ?" N'y a-t-il pas pour un officier prussien de destin plus haut que de périr dignement ? Que ce soit sur l'échafaud ou sur le champ de bataille, cela ne change rien à la gloire de ceux qui exposent leur corps et leur vie pour la défense de leur droit. Cette fois, Guillaume est conquis : il est incapable de rester insensible à cet appel de son honneur. Premier officier de Prusse, comment refuserait-il de défendre jusqu'à la mort le poste qui lui est assigné ? ... »

 

Constantin de Grunwald - Bismarck - Albin Michel, 1949 - page 137.

 

Pour se changer du bling-bling évoqué par la citation 14, on peut penser à ce qui se passait en 1862 lorsque le roi de Prusse Guillaume 1er, partagé entre ses principes de souverain éclairé et l'absence de scrupules de son nouveau Président du Conseil intérimaire (c'était alors le titre de Bismarck), songeait à abdiquer. Ces deux-là étaient soucieux de leur pays, le second en étant le moteur, toujours fougueux, souvent dangereux, et le premier assumant le rôle de conducteur plus prudent et respectueux de la nation.

 

Pour évoquer le pipole de l'époque, il semble d'abord que le Chancelier de Fer fut toujours fidèle à sa discrète femme Johanna qui lui montait en cachette des petits verres d'alcool dans sa chambre lorsque son médecin le mettait à la diète... ça, c'est un couple ! Il y a bien eu à la cinquantaine une mystérieuse fugue, réputée platonique par certains biographes, à Biarritz avec la belle Kathy, la Princesse russe Catherine Orlov, vingt et un ans à peine, avec laquelle il correspondit longtemps ... On dit même qu'ils nageaient nus dans l'Atlantique et qu'ils furent recueillis par des pêcheurs basques dans cet état mais, pour un Allemand et une Russe peut-être adeptes du Frei Körper Kultur avant la lettre, ce n'est pas une preuve de « mauvaise conduite ».

 

Bismarck a presque autant pleuré la mort de sa femme que celle de son dogue noir Sultan ; il était en effet toujours accompagné d'immenses chiens que les malicieux berlinois avaient fini par surnommer après 1971 les Reichhunde (les chiens de l'Empire). Bien sûr, Bismarck n'était pas un petit saint : éclats, manipulations, vraies ou fausses colères, ruses, fonds secrets, achat de journalistes prussiens et étrangers, financement de partis étrangers amis et j'en passe. Ajoutons aussi que le vieil Otto s'est considérablement enrichi dans ses fonctions mais c'était admis à l'époque comme cela le redevient ouvertement de nos jours.

 

                                                                    BLACKSHEEP !

Partager cet article
Repost0
12 juin 2008 4 12 /06 /juin /2008 18:32

« ... la foule aime le roman, même à ses dépens, le scandale des mœurs constituant la trame de la curiosité humaine et le courant souterrain de tout évènement. La femme infidèle et le cocu fournissent à la comédie et à la tragédie, voire à l'épopée, la quasi-totalité de leurs motifs. Comme l'honnêteté n'a ni biographie ni charme, depuis l'Iliade jusqu'au vaudeville, le seul éclat du déshonneur a amusé et intrigué. Il est donc tout naturel que l'humanité se soit offerte en pâture aux conquérants, qu'elle veuille se faire piétiner, qu'une nation sans tyrans ne fasse point parler d'elle ... ».

 

E. M. Cioran - Précis de décomposition - Idées NRF, 1949, page 143.

 

Cet exilé roumain vivant pauvrement à Paris, xénophobe et antisémite étant jeune mais revenu par la suite de toutes les idéologies, avait tout compris dès 1949 de la pipolisation du pouvoir et de la tyrannie du storytelling (mes mots sont anachroniques).

 

On comprend mieux ce qui fait vendre encore quelques journaux papier, et pas seulement la presse de caniveau, dans notre pays autoproclamé cartésien ; écoutez de temps en temps les grognons, ronchons et autres iconoclastes.

 

                                                                   BLACKSHEEP !

Partager cet article
Repost0
11 juin 2008 3 11 /06 /juin /2008 11:05

« Un frère demanda à abba Pœmen : "Des frères habitent avec moi ; veux-tu que je leur commande ?". Le vieillard répondit : "Non pas, mais agis d'abord, et s'ils veulent vivre, à eux de voir". Le frère lui dit : "Eux-mêmes, abba, veulent que je leur commande". Le vieillard lui dit : "Pas du tout, sois pour eux un modèle et non un législateur". ».

 

Sagesse du désert - Editions de Solesmes, 2007 - page 117.

 

Il s'agit de sentences qui datent des quatrième et cinquième siècles ; je suis toujours aussi mécréant mais je pense que nos politiques et élites, qui se posent souvent en bons apôtres,  retardent de plus de quinze siècles : ils légifèrent sans donner l'exemple.

 

                                                                BLACKSHEEP !

Partager cet article
Repost0
8 juin 2008 7 08 /06 /juin /2008 17:27

« L'archidiacre Charles* ... écrit que l'Antéchrist de l'Apocalypse est "un merveilleux portrait de cette puissance en opposition à Dieu qui allait naître, qui exalterait le droit du plus fort et tenterait, avec succès ou non suivant les époques, de se rendre maîtresse du monde, aidée par une troupe de travailleurs intellectuels qui soutiendraient toutes ses prétentions, justifieraient toutes ses actions, et consolideraient ses buts politiques par une guerre économique, menaçant de destruction tous ceux qui ne se courberaient pas devant ses revendications arrogantes et impies."».

 

D. H. Lawrence, Apocalypse - Balland, 1978, page 96, écrit en 1931

 

La guerre économique que nous vivons était déjà prévue avant 1931 et les « travailleurs intellectuels » évoqués, qui menacent de destruction tous ceux qui ne se courbent pas devant la non-pensée unique, ne sont-ils pas nos économistes et autres journalistes soutenant mordicus les banquiers et milliardaires arrogants et ... impies (je rappelle que je suis mécréant en tout) ?

 

* R. H. Charles, archidiacre de Westminster (1855-1931).

 

                                                  BLACKSHEEP !

Partager cet article
Repost0
2 juin 2008 1 02 /06 /juin /2008 10:42

« ... en finance, un gain considérable et périlleux est toujours préféré à un gain médiocre et assuré, et celui des banques consiste à créer plus de signes qu'elles n'ont de valeurs, et à percevoir l'intérêt des signes émis, quoiqu'elles ne possèdent point la valeur représentative de ces signes ... ».

 

Encyclopédie moderne - sous la direction de Léon Renier, Firmin Didot Frères - 1853, tome 5, page 412.

 

Autrement dit, les banques créent de la monnaie de singe (les signes) par l'intermédiaire de crédits qui ne correspondent pas à leurs propres capitaux ou à des dépôts de leurs clients (les valeurs) et, en plus, ils prélèvent des intérêts sur cette monnaie de singe.

 

Et ce n'est pas nouveau : il est bien écrit sur la page de garde : M (1 000) D (500) CCC (300) L (50) III (3), soit M DCCCLIII = 1853, début de l'Empire de Napoléon III qui fut une grande époque d'expansion industrielle, mais aussi d'arnaques financières et de faillites.

 

                                                                                      BLACKSHEEP !

Partager cet article
Repost0