« Le tigre n'a pas d'odeur, le tigre ne fait pas de bruit, mais on sait que le tigre est là. Quelque chose s'installe dans l'ombre et c'est le tigre qui vous attend ! »
Rudyard Kipling, le livre de la jungle ; cité par Pierre Clostermann (Le Grand Cirque 2000 - Flammarion, 2001, page 367) pour illustrer le jour où il s'est fait descendre par un chasseur allemand après avoir hurlé à ses coéquipiers « celui-là, laissez-le moi, c'est du gâteau ! » ...
Je n'ai rien écrit depuis le 29 juin : je suis resté bloqué sur un DDR dont le titre est « compétence et exigence » car je sentais que je n'étais pas dans le coup de notre époque. Une impression, une intuition de danger me prenait sans que j'arrive à savoir « où est le tigre » ...
Le tigre représente les périls que court notre société actuelle et il est inutile d'en parler tant qu'on ne les a pas identifiés. J'en ai trouvé un ce matin en entendant Anne Lauvergeon, ancienne petite main de Mitterrand et patronne du nucléaire français, déclarer : « le zéro défaut n'existe pas » ... elle n'a cependant pas osé prononcer le mot « fatalité ».
Ce type de déclaration, venant après quelques pépins du nucléaire et alors que des entreprises privées lorgnent sur ce qu'ils croient être le pactole, est un véritable crime : pour s'exonérer de sa responsabilité (j'ai toujours considéré lorsque j'étais à la tête d'une structure que le chef est responsable quelles que soient les circonstances), elle semble tolérer les fautes de ses subordonnés même si elle en a viré un, qui n'avait peut-être obéi qu'aux ordres ou aux mauvaises habitudes, pour l'exemple.
Nos grandes entreprises sont dirigées par des héritiers nés dans la facilité ou des hauts fonctionnaires qui ont appris l'irresponsabilité et l'inamovibilité dans les milieux politiques de droite ou de gauche ... là est un dangereux tigre (il y en a d'autres) et il n'est pas étonnant que le commerce extérieur soit déficitaire et l'industrie un peu anémique.
Venant après les déclarations réitérées du baron « riscophile » du MEDEF : « le risque zéro n'existe pas », cela enfonce dangereusement le clou. Il est à noter que ce dernier, qui se faisait passer pour un industriel, n'était qu'un haut fonctionnaire idéologue et dogmatique, condisciple de Jospin à l'ENA ... heureusement, on ne l'entend plus guère.
La vérité est que le risque zéro (comme le zéro défaut) coûte cher en moyens et en vigilance et, comme tous ces gens là ne sont intéressés que par leurs tableaux de bord et leurs cours de Bourse, le fric ramassé prime celui consacré à un fonctionnement raisonnablement sûr de leurs boutiques. Je n'ai pas d'opinion dogmatique sur le nucléaire mais, ce qui est certain, c'est qu'il s'agit d'un machin à emmerdements et qu'il sera difficile de faire 15% de bénéfice avec cette industrie, sauf à nationaliser les pertes et les pépins.
LA VACHE !