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10 février 2008 7 10 /02 /février /2008 11:24
Terminons cette série sur l’économie par son représentant auquel vous avez le plus souvent affaire, même si vous êtes fauché : votre banquier. Comme le souvenir des frasques du Crédit Lyonnais (1993) était en train de s’estomper et que les protagonistes se sont fait oublier ou donnent des leçons au monde entier depuis Francfort, il était temps que le krach de la Société Générale remette les banquiers dans la lumière de l’actualité.
 
Une filiale bancaire de ma région a récemment invité quelques notabliaux de province à visiter les salles de marchés de sa maison mère, sans doute pour leur montrer sa puissance. Cette démarche paranoïde n’est certainement pas près de se renouveler après la fameuse catastrophe financière parisienne.
 
Il y a encore trente ans, il existait des banques régionales dont les dirigeants connaissaient à fond le tissu économique local et avaient compris que leur prospérité dépendait de celle de leur région. Aujourd’hui, c’est fini : les banques régionales ont été acquises par les monstres parisiens, les directeurs tournent en permanence et, malgré les vantardises du marketing bancaire, les régions ne sont plus que des vaches à lait arrosant par de multiples frais de siège l’avidité de la capitale … ou de la City londonienne.
 
A l’origine, il y avait deux types de banques : celles de dépôt que vous connaissez bien et auxquelles vous confiez votre compte courant et vos maigres économies ; la banque les utilise pour faire des prêts, transformant ainsi du court terme en moyen ou long terme selon des ratios prudentiels. Pour le second type, les banques d’affaires se chargeaient du financement et des transactions des grandes d’entreprises.
 
Aujourd’hui, tout le monde veut faire de tout, plus des assurances, des voyages et encore des tas de choses que j’oublie ; on peut noter que les mêmes banquiers qui visent à l’universel conseillent aux entreprises de se recentrer sur leur « cœur de métier » et de ne pas se disperser … faites ce que je dis …
 
Le fonctionnement (schématique) d’une banque d’aujourd’hui est de vous pomper un maximum de frais que vous n’êtes pas en mesure de discuter pour les diriger vers les sièges sociaux. Vous croyez que chaque Euro qu’elle vous vole sert à payer le guichetier ou le conseiller que vous rencontrez de temps en temps, voire le site Internet sur lequel vous faites leur boulot en gérant vos comptes.
 
Erreur ! Vos petits Euros alimentent surtout la spéculation dans leurs salles de marché et se transforment en gros paquets d’Euros, ou d’autres devises, virtuels ; ils ne redeviendront des Euros fiduciaires que sous forme d’investissements (de moins en moins) ou de rémunérations et avantages somptuaires (de plus en plus) des traders et des dirigeants. Allez ! Faites-vous une raison : l’économie, ce n’est pas pour vous !
 
                                                                       LA VACHE !
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8 février 2008 5 08 /02 /février /2008 19:43
L’expansion impérialiste avait été déclenchée par une curieuse forme de crise économique, la surproduction de capital et l’apparition d’argent « superflu » résultant d’une épargne excessive qui ne parvenait plus à trouver d’investissement productif à l’intérieur des frontières nationales.
La décennie précédant l’ère impérialiste, c’est-à-dire les années soixante-dix du siècle dernier, connut une augmentation inouïe des escroqueries, des scandales financiers et de la spéculation sur le marché des valeurs.
 
Hannah Arendt Les origines du totalitarisme, 2. L’impérialisme - POINTS Essais n° 356, pages 28 et 29.
 
Cette citation se rapporte aux années 1870 ; souvenez-vous, c’était la guerre franco-prussienne, bientôt la fin du second empire ; 1869, c’est l’inauguration du canal se Suez ; 1880 le début des travaux du canal de Panama ; 1889 le scandale du canal de Panama avec ses députés et autres élus « chéquards » et ses procès, pour donner quelques repères de chronologie.
 
Ce que Hannah Arendt appelle l’expansion impérialiste est l’ère des colonisations dont elle explique les raisons par la masse de capitaux disponibles dus à la révolution industrielle (machines à vapeur, chemins de fer, mines, sidérurgie, métiers à tisser automatiques, etc …) et incapables de s’employer en Europe.
 
Nous nous trouvons aujourd’hui dans une situation financière semblable par l’accumulation de capitaux plus ou moins virtuels qui doivent s’employer pour redevenir réels (fiduciaires ou investis) mais il n’y a plus de conquêtes coloniales disponibles au sens de terres vierges.
 
Il reste cependant plusieurs possibilités : accroître les marchés de biens échangés, consommables ou durables, par une « croissance » forcenée, en particulier en faisant accéder les peuples des pays émergents à la consommation, autrement dit : les fauchés vont travailler pour que l’on puisse vendre aux fauchés. Après les « bulles » de la nouvelle économie (informatique et Internet) et de l’immobilier (subprimes), une bulle énergie et matières premières est en train de se former.
 
Les « bulles » sont des marchés artificiellement gonflés par un battage médiatique planétaire conduisant à une inflation de certains secteurs (entreprises d’informatique, biens immobiliers) et qui finissent par se dégonfler à un moment inattendu. Par exemple, il est impossible de savoir jusqu’où la bulle énergie va croître, c’est-à-dire à quel moment l’augmentation des prix fera chuter significativement la demande, entraînant une chute brutale de ces prix.
 
En attendant que nos géniaux économistes trouvent de bonnes idées, ce qui va sans doute demander un certain délai, d’énormes masses financières tournent en rond d’un marché virtuel à l’autre, au risque de nous emporter dans leur tornade : si vous êtes tranquille, c’est que vous êtes inconscient ou vraiment totalement fauché … Quand je constate que j’ai mis cette série dans la rubrique « sourire », je me dis que je suis vraiment un optimiste !
 
                                                                       LA VACHE !
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6 février 2008 3 06 /02 /février /2008 18:03
Une bourse qui fluctue de 4% en une journée n’a rien à voir avec la valeur réelle des entreprises dont les actions sont échangées ; il faut que des facteurs subjectifs, résultant d’un dopage artificiel, entrent en jeu. Nous sommes dans les décennies du dopage et la presse économique en est le premier ingrédient.
 
Elle ne date pas d’aujourd’hui et les scandales du début du siècle ont montré qu’elle était largement « fluidifiée », comme on dit à l’UIMM (Union des Industries et des Méfaits de la Métallurgie), c’est-à-dire rémunérée par les banquiers qui émettent des actions pour le compte des entreprises. Aujourd’hui, c’est la publicité qui tient ce rôle fluidificateur.
 
Les cours du CAC 40 sont psalmodiés toutes les demi-heures, même par les radios publiques, et apparaissent en bandeau sur les écrans de télévision. La publicité destinée aux spécialistes est assurée par une nouvelle catégorie de parasites : les agences de notation qui sont payées par les entreprises pour leur accorder une cote de confiance … inutile de dire que la note est proportionnelle à la facture, on l’a bien vu avec les « subprimes ».
 
Le second moyen de dopage qui vise à augmenter la quantité de marchandises, c’est-à-dire d’actions mises sur le marché est la sacro-sainte croissance : consommez, bande de fauchés, endettez-vous pour que les entreprises, et surtout les banques et la grande distribution, fassent des bénéfices et aussi que d’autres acteurs se créent pour profiter de votre gloutonnerie et émettent toujours plus d’actions.
 
La dette de l’Etat est aussi la bienvenue car elle peut se vendre et s’acheter en assurant des intérêts certains : les imbéciles qui sont soumis à l’impôt payent ces intérêts aux plus riches qui ont acheté ces titres et profitent alors de votre bel argent fiduciaire ; cette dette entre aussi dans de nombreuses « soupes » (voir n° 3) et en particulier dans ce que l’on nomme les « assurances-vie » qui n’ont que partiellement l’utilité d’une assurance et concernent alors surtout la mort.
 
Il faut maintenant accélérer le système car les transactions rapportent aux banquiers et autres intermédiaires (négociants) à chaque tour ; on a vu le rôle du télégraphe au début du vingtième siècle ; l’informatique des salles de marchés ne change pas le principe du système, mais l’accélère grandement.
 
Passons sur les soupes, les zooms et les leviers (n° 3, 4, 5) qui augmentent artificiellement les volumes et les vitesses en s’adressant à un nombre de plus en plus important de clients (consommateurs) … jusqu’aux fauchés des subprimes (n° 6).
 
Le plus important est l’espoir (n° 7 : les paris) et nous rebouclons sur la presse et les autres médias économiques qui passent leur temps à vous démontrer qu’on peut s’enrichir à court terme et que, quitte à s’astreindre à faire des parcours sinueux au milieu de petites embûches, comme tout est transparent ( !), cela montera toujours … vous y croyez, vous ?
 
                                                                       LA VACHE !
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5 février 2008 2 05 /02 /février /2008 15:28
Quelle ville moyenne n’a pas sa halle aux grains ? C’est un lieu de regroupement de marchandises qui sert de plaque tournante aux échanges et au stockage de précaution destiné à faire face aux pénuries, ou tout simplement à étaler l’emploi de récoltes de céréales qui ne se font qu’une fois l’an.
 
Dans notre terminologie, c’est donc en partie une « foire » où se fixent les prix en fonction de l’offre et de la demande, et de la période dans l’année. Si le lieu de stockage est éloigné du lieu d’échanges, on a alors inventé une bourse du commerce, simple dématérialisation géographique qui s’appuie toujours sur une marchandise réelle, qui est entreposée quelque part ailleurs.
 
Rappelons que l’on peut aussi acheter et vendre « à terme », soit dans le temps (échéance), soit lorsqu’un certain « cours » (seuil de prix) est atteint, et nous nous rapprochons de la spéculation. Toute cette organisation s’est progressivement mise en place entre le Moyen-âge et le début du dix-neuvième siècle.
 
Notons au passage que, si tout le monde fait en même temps de la vente à terme selon des seuils de prix, les fluctuations « naturelles » du marché seront amplifiées par la corrélation des transactions, tout les acteurs essayant de gagner, ou au moins de ne pas perdre, en même temps. Ajoutons que ce sont plutôt les négociants qui opèrent sur les bourses du commerce, pour le compte de producteurs ou d’acheteurs.
 
Les « bourses aux valeurs » qu’on ferait mieux d’appeler des foires aux valeurs mobilières sont apparues à la fin du dix-huitième siècle. Elles fonctionnent de la même manière que les bourses de commerce à la seule différence qu’on y échange du « papier », c’est-à-dire essentiellement des actions (propriété mobilière).
 
A l’origine, il y a création d’actions entre une entreprise qui lève des fonds et remet des titres de propriété partielle, appelés actions en échange des espèces sonnantes et trébuchantes d’un quidam. Celui-ci peut ensuite revendre ces actions, par l’intermédiaire d’un agent de change (profession disparue), d’un courtier ou d’un banquier à la bourse dans la mesure où, bien sûr, il trouve un acheteur.
 
Cette vente est instantanée, contrairement à celle d’un bien immobilier : bâtiment ou terrain, et le système permet une augmentation de la liquidité du marché (voir n°9). Le télégraphe, puis les téléscripteurs, ont conduit à interconnecter les bourses et à augmenter encore la liquidité : l’acheteur ou le vendeur qui ne se trouvent pas sur place se recruteront ailleurs ; ces moyens de transmission électriques ont certainement joué un rôle important dans la chute rapide des bourses en 1929.
 
On est toujours dans le même schéma : un vendeur d’actions, un acheteur, un négociant (l’intermédiaire), un transport (le télégraphe) qui assure l’acheminement de l’information et du produit. Tout cela n’est pas encore très dangereux puisqu’il y a échange de propriété virtuelle mais identifiable : il s’agit d’actions émises par des entreprises réelles et localisables. Des défaillances peuvent se produire, mais elles devraient être négligeables par rapport au marché. 

Tout l’art pour vous piquer votre fric va être de trouver le moyen de gonfler artificiellement le marché (augmenter le tas de blé, si j’ose dire), de l’accélérer et surtout de faire croire qu’il peut augmenter sans cesse de valeur … et vous êtes les dindons de la farce !
 
                                                                         LA VACHE !
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4 février 2008 1 04 /02 /février /2008 16:38
Nos ânes économistes modernes se prosternent bien bas lorsqu’ils prononcent le mot « marché », source selon eux de toute civilisation et de toutes richesses ainsi que complexe machinerie qu’ils affirment bien sûr être les seuls capables d’expliquer. Il faut de temps en temps les ramener à la réalité en leur rappelant un peu d’histoire.
 
Le premier grand marché organisé fut sans doute la Route de la Soie, fondée deux siècles avant Jésus-Christ entre la Chine et la Syrie vers l’Occident, et qui vit transiter bien d’autres marchandises précieuses. On pourrait peut-être trouver au Paléolithique des embryons de marchés entre des lieux riches en silex et des peuplades éloignées souhaitant acquérir des armes et outils et payant par quelque troc ou parfois avec des coquillages.
 
Ce rappel historique nous permet de définir le fonctionnement d’un marché : il nécessite des biens ou matières, soie, ambre, pierres précieuses, épices, sel … esclaves … etc … produits ou extraits en un lieu donné, convoités en un autre lieu, transportés entre ces deux endroits sous la responsabilité d’un négociant qui a généralement financé l’ensemble de l’opération et assure éventuellement le stockage des marchandises.
 
Je résume : un produit, un producteur, un client, un transporteur, un négociant ; c’est la plupart du temps ce dernier qui prend le risque financier et s’enrichit le plus. Des négociants peuvent s’associer ensemble sur plusieurs opérations pour répartir les risques et on a progressivement inventé des systèmes d’assurances. C’est simple, non ? Eh bien, cela fonctionne encore de la même manière aujourd’hui.
 
Tout cela paraît bien honnête sans être exempt de catastrophes, naufrages, embuscades, combats, brigandages et arnaques ; la relative loyauté de ce commerce réside dans le fait qu’en échange de toute monnaie, fut-elle de simples coquillages, existait une contrepartie physique, réelle, ou un bien palpable, que l’on peut toucher, peser, mesurer, etc…
 
Au cours du Moyen-âge, pour accompagner le développement du marché des étoffes, armes et autres objets manufacturés, deux innovations se sont généralisées : les banquiers, issus de grands négociants, et qui finançaient le négoce sans l’organiser directement et les « marchés » au sens de regroupement en un lieu donné des échanges de marchandises ; pour éviter les confusions, on emploiera dans la suite le mot « foire ».
 
Les assureurs, banquiers spécialisés mutualisant les risques existaient depuis la Babylone antique et, lorsque les marchés devinrent nombreux et lointains, des courtiers firent métier de mettre les négociants et leurs clients en relation mais toutes ces améliorations ne changent rien aux principes de base des marchés.
 
Il est possible qu’aux dix-huitième et dix-neuvième siècles, les aléas de pénuries ou de surproduction qui donnaient lieu à autant de « crises » aient fait exploser la spéculation. On n’achetait plus alors un bien pour son utilité ou sa possession, mais pour le revendre plus cher ultérieurement. Les volumes traités posaient aussi problème (dégradations, coût du stockage, etc …) et c’est alors que l’on commença à spéculer sur du virtuel et que vos ancêtres se firent déjà avoir, bien avant vous mais plus modestement … à suivre …
 
                                                                        LA VACHE !
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3 février 2008 7 03 /02 /février /2008 09:57
Je ne pensais pas démarrer cette petite série « économie », moi qui ne suis pas spécialiste, au moment où la Société Générale m’offre un exemple à la portée de tous. Comme je ne suis pas client de cette banque, je ne peux que remercier ses géniaux dirigeants … C’est ce qui s’appelle avoir du bol !
 
A l’occasion de ce somptueux clash des cracks qui nous ont fait un krach, on nous a rebattu les oreilles du réel et du virtuel, en oubliant d’employer une notion pourtant simple : la liquidité, dont on peut donner la définition suivante : « Sont liquides les sous que vous pouvez palper entre le pouce et l’index » … Quelle délicieuse sensation !
 
On dit aussi des espèces (billets, pièces) et on peut élargir cette notion à la monnaie fiduciaire garantie par l’Etat, par exemple votre livret A dont vous pouvez disposer à tout moment tant que La Poste ne fait pas faillite, ce qui n’est quand même pas pour demain matin. Tout le reste est plus ou moins virtuel.
 
Imaginons que vous achetiez un barbecue à roulettes pour vendre des merguez sur les manifs : si vous l’avez acheté cash, vous avez déboursé du liquide, donc du réel. Une fois acheté ce bel appareil chromé, vous avez fait un investissement dont vous espérez au moins une valeur de revente … oui mais …
 
... Si le bon peuple adule notre merveilleux gouvernement et passe son temps à travailler plus pour gagner plus, le marché des merguez dans les manifs va s’écrouler et votre barbecue sera invendable : c’est donc déjà une valeur virtuelle. Si au contraire les fauchés sont fâchés et que les syndicats pas trop fluidifiés se remettent au boulot, pour peu que les vendeurs de barbecue soient en rupture de stock, vous trouverez foule pour vous l’acheter bon prix.
 
Donc, le virtuel est tout ce qui repose sur l’avenir, autrement dit l’espoir. Les boursiers ont l’habitude d’affirmer, surtout lorsque ça va mal et qu’ils craignent pour leurs commissions : « Tant que vous n’avez pas vendu (vos actions), vous n’avez pas perdu » … on pourrait aussi bien dire : « Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir ».
 
Le comptable de notre vendeur de merguez va lui établir un beau bilan dans lequel le barbecue va figurer, moins les amortissements (correspondant à une dépréciation théorique), comme un actif, c’est-à-dire un bien possédé, même s’il est invendable … à la lecture de ce fameux bilan, vous vous croyez riche mais … encore faut-il que « le marché soit liquide », autrement dit qu’il y ait suffisamment de gogos qui espèrent plus que vous, ou ont davantage le goût du pari, et soient donc disposés à acheter.
 
Nous verrons demain comment les banquiers et boursiers fabriquent avec l’appui de la littérature économique des « marchés » faussement liquides ; en attendant, comptez les sous qui sont dans votre porte-monnaie : c’est tout ce dont vous êtes sûr … et encore s’il n’y a pas d’hyperinflation comme en Allemagne dans les années vingt … Ça va ? Vous avez encore le moral ? On continue ?
 
                                                                         LA VACHE !
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2 février 2008 6 02 /02 /février /2008 13:20
Je suis désolé de vous affirmer que Jean de La Fontaine, digne prédécesseur de Jean-Marc Sylvestre et d’Eric Le Boucher, se foutait autant qu’eux de la gueule du peuple lorsqu’il écrivait :
 
Travaillez, prenez de la peine :
C’est le fonds qui manque le moins …
(Le laboureur et ses enfants).
 
En fait, ce sont les fonds qui sont les plus importants ; il en existe en gros de trois sortes : d’abord les fonds de pension qui ramassent l’argent des fauchés comme vous et moi pour le jouer en bourse ou au moyen d’instruments financiers plus sophistiqués tels que ceux évoqués précédemment, en promettant aux gogos qui ont souscrit de leur verser une retraite (vous y croyez, vous ?).
 
Ce type de fonds n’existe en France qu’à titre complémentaire et d’une manière encore peu développée car le système des retraites se fait par répartition : ceux qui travaillent versent les pensions des retraités, malgré les glapissements des politiques, banquiers et assureurs qui voient une juteuse machine à stock options leur échapper … pour l’instant.
 
Ensuite les fonds d’investissement : un riche investisseur ramasse des fortunes confiés par de non moins riches héritiers qui ne savent pas comment les gérer et achète des parts ou la totalité d’entreprises. Il leur fait alors rendre le maximum (15% est leur objectif habituel) et les revend ensuite. Vous pouvez vous reporter à la parabole de l’âne (voir le premier billet sur l’économie) pour constater l’effet produit sur les salariés. Notre Baron national et maintenant européen, ex patron du MEDEF, est gestionnaire d’un de ces fonds … et se prétend ainsi industriel …
 
Un fonds d’investissement peut aussi racheter des entreprises en perdition avec l’aide de prêts bancaires, garder la moelle et revendre l’os en virant les salariés concernés. Nos milliardaires hexagonaux ont généralement fonctionné comme cela bien que le Crédit Lyonnais s’y soit cassé les dents, laissant l’ardoise aux contribuables.
 
Enfin, les fonds souverains qui appartiennent à des états riches en matières premières ou qui explosent dans la fabrication ou le commerce ; la Russie, les Emirats du Golfe, l’Inde, la Chine et peut être bientôt le Brésil possèdent des fonds souverains qui sont placés … souverainement … en fonction des intérêts stratégiques de ces pays. Soyez heureux, salariés français (les rares qui le seront encore), vous allez bientôt travailler pour Poutine !
 
Quant à vous, bande de fauchés, il ne vous reste qu’à user vos fonds de culottes au bistro du coin avec interdiction de fumer à cause de Roselyne Cruella, Ministresse de la (mauvaise) Santé, dont la franchise n’a d’égale que l’entêtement.
 
                                                                         LA VACHE !
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1 février 2008 5 01 /02 /février /2008 18:42
Lorsque vous achetez une action, vous faites un double pari : d’abord que l’entreprise fera des bénéfices et vous en distribuera une partie sous forme de dividendes. Ensuite que, au vu de ces bénéfices, l’action sera très demandée en bourse et qu’elle prendra de la valeur (plus-value) ; vous commencez donc à être familier avec les paris.
 
Une obligation correspond à plus de sécurité : le pari est moindre, au mieux, si les taux baissent, votre obligation prendra un peu de valeur car elle conserve son taux nominal ; au contraire, si les taux augmentent, elle perdra un peu de valeur si toutefois vous la revendez sans attendre l'échéance … oublions.
 
Il est une autre manière de prendre des paris : dès le dix-neuvième siècle, les négociants et industriels ont pris l’habitude d’acheter des récoltes sur pied, voire avant qu’elles soient semées, ils se « couvrent » alors contre des augmentations éventuelles tandis que le vendeur s’assure de l’écoulement de ses produits ; c’est une bonne ou mauvaise affaire selon l’abondance des récoltes lors du dénouement de la vente.
 
Cela s’appelle alors une vente (ou un achat) à terme. Progressivement, les industriels ont appris à se couvrir pour tous leurs besoins de matières premières, en particulier de pétrole, par des achats à terme. Mais alors, pourquoi ne pas acheter et vendre à terme n’importe quoi : des actions, des devises ou simplement des indices comme le CAC 40 (c’est alors une « soupe » censée évoluer comme le CAC 40) de la Bourse de Paris.
 
Il ne s’agit plus alors de marchés de gré à gré (entre deux partenaires qui passent un contrat) mais par l’intermédiaires des bourses ou plutôt de chambres de compensation qui enregistrent les échanges et assurent leur « livraison », en fait des lignes de comptes sur des systèmes informatiques. On peut aussi travailler « à la marge » : il n’y a plus d’échanges de capitaux mais seulement règlement des différences de valeurs acquises au terme de la transaction.
 
Ainsi, le fameux « trader » de la Société Générale vendait et achetait des indices (des soupes représentant des bourses, ou places) sur deux places différentes, par exemple l’une jouée à la hausse et l’autre à la baisse. Son gain, ou sa perte, se faisaient sur de minimes différences (mais sur de gros volumes) et il n’engageait pas de capital puisqu’il vendait pour couvrir ses achats, les deux se faisant au même terme.
 
Là où était l’esbroufe, c’est qu’il arrivait à rendre ses ventes fictives, d’où le risque pris sur le capital, mais des gains importants lorsqu’il jouait bien … jusqu’à ce qu’il se plante … La banque a dû revendre en catastrophe et à perte. Moralité pour les fauchés : contentez- vous du PMU, c’est déjà bien assez risqué comme ça …
 
                                                                      LA VACHE !
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31 janvier 2008 4 31 /01 /janvier /2008 17:34
Les actions ne constituent pas véritablement une dette pour l’entreprise qui les a émises puisqu’elle ne les rachète que si elle le veut bien et si elle a fait les bénéfices nécessaires ; les obligations sont une véritable dette remboursable à échéance déterminée d’avance et rapportant à celui qui les a souscrites un intérêt fixe.
 
Ces dernières sont plus sûres (souvenez-vous quand même des emprunts russes) mais moins profitables que des actions en période économique euphorique. Les actions ne sont vendables que si vous trouvez un acheteur en Bourse. Ces deux vecteurs d’enrichissement sont bien connus et assez courus, il faut donc trouver autre chose.
 
Il y a d’autres façons de vendre et d’acheter de la « dette », et surtout de créer d’autres vecteurs d’enrichissement : il est clair, surtout pour ceux qui gardent le nez sur le guidon, que l’immobilier augmente toujours ; il suffit alors de prêter à des fauchés pour qu’ils achètent une maison en prenant sur eux une solide hypothèque, c’est-à-dire en se réservant, en cas de défaillance de paiement, de revendre la maison après avoir mis dehors celui qui se croyait le propriétaire.
 
On leur arrange un crédit à taux variable élevé (normal, c’est des fauchés) encore appelé subprime mortgage, dont les remboursements vont aller croissant (leurs revenus vont augmenter, c’est sûr) et on est ainsi à peu près certain qu’ils courent à la catastrophe. A partir de cette dette, on fait de beaux papiers que l’on revend ; c’est ce que l’on a baptisé du beau mot de titrisation (transformer des dettes en titres).
 
Mais ce papier sent un peu le soufre, on le mélange alors avec du papier d’apparence plus sûre avant de le revendre ; tout cela avec la garantie d’un meilleur rendement que les obligations classiques. L’acheteur refait un mélange et revend à son tour (voir 3 : la soupe) et les mélanges de soupe deviennent de moins en moins identifiables.
 
N’entrons pas dans les détails : il y a des assureurs qui garantissent la soupe et que l’on appelle des rehausseurs de crédit et encore bien d’autres subtilités … Puis vient la tuile : de nombreux « propriétaires » ne peuvent plus rembourser, soit qu’ils aient pris des risques inconsidérés, soit qu’une petite récession diminue leurs possibilités de remboursement.
 
De nombreuses maisons sont mises en vente, l’immobilier baisse et la spirale infernale s’enclenche, d’autant plus facilement qu’un mécanisme pervers permet aux Etats-Unis de rester en permanence endetté pour toute la valeur de sa maison. C’est d’ailleurs ce système d’hypothèque permanente que notre ancien Ministre de la Galette (normal pour un Breton) voulait introduire en France.
 
Moralité : quand on monte un escalier, il faut toujours le redescendre, ne serait-ce que dans un cercueil …
 
                                                                  LA VACHE !
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30 janvier 2008 3 30 /01 /janvier /2008 18:16
Vers 250 avant Jésus-Christ, Archimède déclarait (paraît-il, on n’a pas retrouvé la vidéo) : « Donnez moi un levier et un point d’appui et je soulève le monde. ». Plus de 22 siècles après, les banquiers l’ont entendu et je vais vous expliquer sommairement l’effet de levier.
 
Mettez un costume sombre et une cravate sobre, mais chic, et prenez un air sérieux, c’est votre point d’appui ; prospectez ensuite les retraités de votre quartier pour qu’ils vous confient, moyennant un reçu en bonne et due forme, les actions qu’ils possèdent. Mettons que vous en ramassez pour un million qui constituera la petite extrémité du levier.
 
Allez voir ensuite votre banquier et remettez-lui les actions en garantie ; comme vous avez une bonne tête, il va vous prêter dix millions et les neuf millions non garantis par les actions vous serviront de grande longueur du levier. Bien sûr, le banquier vous demandera 5% d’intérêts et de commissions, soit 500 000 par an.
 
Installez vous devant votre ordinateur et jouez le tout en Bourse en sachant que celle-ci, c’est évident, monte toujours ; c’est bien le diable si vous ne faites pas 10% dans l’année : vous avez alors ramassé un million, moins les 500 000 de la banque, reste 500 000 à partager entre les petits vieux et vous : 200 000 aux retraités et ils vous mangeront dans la main, c’est 20%, soit le double de ce qu’ils pouvaient espérer et 300 000 net pour vous … elle n’est pas belle, la vie ?
 
Oui mais si, cette année, la Bourse fait -10%, vous vous retrouvez avec un million de perdu, plus 500 000 à payer à la banque qui, elle, n’aura rien perdu … vous avez bouffé 150% du (vrai) capital ; allez maintenant vous expliquer avec les petits vieux ! Archimède n’avait pas tout dit, il aurait dû ajouter : «  Quand vous reprenez le levier dans la gueule, c’est avec une force supérieure à celle que vous exerciez auparavant. ».
 
                                                                      LA VACHE !
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